Un peu d’histoire : le naufrage de La Sémillante Île Lavezzi

Même si les progrès de la météorologie et des phares nous assurent une plus grande sécurité, un récit comme celui qui suit nous rappelle de rester humble face aux éléments.

Un grand voilier pris dans la tempête

Le 14 février 1855, à 11 heures, La Sémillante, frégate à voiles de 54 mètres de long, appareille de Toulon par brise d’ouest assez fraîche. On est alors en pleine guerre de Crimée, opposant la France de Napoléon III, l’Angleterre et la Turquie à la Russie. Le navire est donc chargé de 394 militaires et de 400 tonnes de matériel destinés à l’armée d’Orient. Il est mené par un équipage de 308 hommes.

Le 15 février au matin, La Sémillante se trouve au large du sud de la Corse, mais le temps s’est considérablement dégradé et c’est maintenant un véritable ouragan de secteur ouest qui souffle. Il menace de jeter le bâtiment sur la côte sarde, lui interdisant de faire route au sud, comme prévu.

Croisière en voilier en Corse, frégate La Sémillante
Frégate du XIXème siècle

Le commandant Jugan, marin de grande expérience, n’a plus qu’une seule option : s’engouffrer, à une vitesse impossible à maîtriser, dans l’entonnoir des Bouches de Bonifacio, que la tempête transforme en chaudron de l’enfer.

Dans ces conditions, la visibilité est grandement réduite et les risques d’avaries considérablement augmentés. Mais il n’y a pas d’autre choix possible et Jugan lance la frégate entre Corse et Sardaigne

Vers 11 heures du matin, le chef du phare de la Testa, sur la côte sarde des Bouches, aperçoit un navire à sec de toile, qui lui semble privé de gouvernail et qui disparaît dans les embruns, après avoir hissé une voile d’avant. Au même moment, rassemblés sur les hauteurs de Bonifacio, un prêtre et ses fidèles entrevoient furtivement un grand bâtiment « semblable à une nébuleuse noyée dans les vapeurs de la mer, allant sans règle et sans conduite ».

Le choc

Vers midi, sur l’île Lavezzi, le berger Limieri, réfugié dans sa maison de pierre, entend un grondement « pareil à un tonnerre venant de sous-terre ». Un peu plus tard, sorti de son abri, il découvre la mer en furie couvertes d’épaves énormes que les flots démantèlent et rejettent dans les criques ou entraînent vers le sud de l’île.

Schéma du naufrage de la Sémillante aux îles Lavezzi. Croisière en Corse
image extraite de Un Sanctuaire, un naufrage : la tragédie de » La Sémillante », Jean-Lucien Rachelli

La tragédie est consommée : La Sémillante s’est écrasée sur la pointe sud-ouest de l’île, entraînant dans la mort ses 702 passagers.

Jusqu’à ce jour, ce naufrage reste la plus grande catastrophe maritime en Méditerranée.


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